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Last « Au revoir » Maggie

Publié le par Julien

Non, cet article ne fera pas l’apologie du thatchérisme, ni même un adieu touchant et déchirant à l’amie des pauvres qui nous a quittés. Il racontera simplement un week-end pas comme les autres. En effet, après le week-end de Pâques à Varsovie, j’ai eu la chance de passer le week-end suivant à London ! Mais c’est vraiment par hasard que mes deux week-ends « exotiques » sur quatre mois et demi se retrouvent l’un après l’autre, et donnent cette fâcheuse impression de stage-farniente-globe trotter.

Donc j’étais en effet à Londres pour des retrouvailles partielles de chimistes chez Pauline, qui fait son stage là-bas, avec Lucy, Quentin, Gauthier et le frère de Pauline qui venait la voir cette semaine-là. Le hasard faisant bien les choses, ses deux colocs étaient absents tout le week-end, ce qui libérait des couchages pour 6 personnes.

Mais ensuite, il y a « week-end à Londres » et week-end à Londres. Grâce à Pauline, c’était un vrai de vrai.

Lever le samedi matin (midi) avec la motivation de goûter au breakfast anglais, celui qui tient bien au corps et qui permet d’oublier la pluie. Sauf qu’en plus nous n’avons pas eu une goutte de pluie ou de brouillard en trois jours, que du soleil - donc ok c’était peut-être pas un vrai de vrai, mais nous n’avons eu que les bons côtés… Au menu : œufs brouillés, bacon, baked beans, tartines, le tout arrosé d’un bon thé noir des Indes. Autant vous dire qu’après ça, nous aurions fait cinq fois la traversée aller-retour de la Tamise et nous étions prêts pour découvrir le quartier atypique de Camden et son marché. Ça ne peut pas se transmettre en image, il faut le voir pour le croire ! Des boutiques plus invraisemblables les unes que les autres, un magasin surréaliste où on est écrasé par de la musique boumboum très forte, dans le noir, pour acheter des vêtements ou des accessoires fluorescents… Pour les intéressés, c’est CyberDog, on n’achète rien mais ça vaut le détour ! Ensuite, dégustation de cidre et de poiré, qui concurrencent la bière, en haut de la colline de Primrose Hill avec une vue magnifique sur Londres, le soleil nous tenant compagnie.

Après ça, nous sommes descendus vers la Tamise, nous avons avalé un fish and chips (dont les portions sont pour plusieurs centaines de personnes) pas trop loin du Palace Theatre où nous avions acheté des places bien avant pour la comédie musicale Singin’ in the rain. Le Palace Thatre est une vieille salle victorienne, décorée de stucs noircis et décrépis, mais pleine de charme. Nous étions assis tout en haut, avec quand même une très bonne vue sur la scène, pour assister au spectacle le plus incroyable que j’ai jamais vu ! Il faut avoir vu le film pour suivre (et l’avoir aimé bien sûr), mais quand on a adoré le film, on adore la comédie musicale. Tous les côtés désuets et charmants du film sont là, avec la bonne humeur archi-contagieuse. On n’est pas plié du début à la fin bien sûr mais on sourit et quand on sort, on est heureux. En plus, la mise en scène est incroyable : ils font pleuvoir sur la scène ! Au total plus de 14 000 litres d’eau d’après le prospectus, et les acteurs prennent un malin plaisir à éclabousser à coups de pieds les premières rangées à qui on a distribué des parapluies. Evidemment tout le monde rigole, ce qui rajoute encore au phénomène. Bref, vous aurez compris, c’était extraordinaire ! Pour ceux qui n’ont pas prévu Londres dans les prochaines semaines, accordez vous une soirée pour (re)découvrir le film, c’est un vrai médicament pour le moral.

A la sortie, personne n’a envie de rentrer ni de dormir, on est tous ragaillardis, donc on s’accorde une promenade dans le centre de Londres : brillant Piccadilly Circus, lugubre Trafalgar Square, boutique M&M’s et de souvenirs avec la famille royale grandeur nature…

Le dimanche, lever de bon matin et petit déjeuner frugal. Au programme de la matinée, passage devant les gares de King’s Cross et Saint Pancras. Notre génération est obligée de rentrer dans la première et de tenter de prendre une photo avec le chariot du quai 9 ¾ qui nous a tous fait rêver dans Harry Potter. Etre parmi les premiers de cette génération nous donne cependant la maturité nécessaire pour ne pas faire la demi-heure de queue, et nous contenter d’une photo du chariot vide entre deux gamins surexcités, et nous résigner à ne pas arborer la magnifique écharpe rouge et or de la maison Griffondor à laquelle nous aspirons tous. C’est donc avec une pointe d’amertume compensée par une grande satisfaction personnelle que nous avons continué notre route, passant devant la somptueuse gare Saint Pancras dans laquelle arrive l’Eurostar (ils ont eu le bon goût de ne pas le faire arriver à Waterloo Station, mais nous y reviendrons). La gare abrite entre autre un hôtel – et pour ceux qui essaient de s’imaginer, pas un hôtel Ibis…

Nous sommes passés devant l’université de Pauline, qui n’est pas vraiment dans le style préfabriqués définitifs en béton de la Freie Universität de Berlin… Une belle façade néoclassique, et le tout en plein centre-ville ! Beaucoup de rues londonienne ont des plaques dans le sol indiquant le trajet des différents cortèges des jubilés de Sa Gracieuse Majesté, c’est assez rigolo, mais on se demande s’ils vont tous les laisser pour chaque souverain, ça risque d’être un peu chargé…

Nos perfides voisins d’outre-Manche sont les meilleurs sur un point (c’est déjà ça) : les musées ! A Londres, TOUS les musées sont gratuits pour TOUT le monde !!! Il n’y a même pas de guichet, on arrive directement de la rue sur les collections, si bien qu’on peut juste entrer quelques instants pour voir les œuvres immanquables et repartir aussitôt. C’est bien sûr ce que nous avons fait, et nous avons traversé le British Museum au pas de charge – le temps nous était compté – pour admirer la pierre de Rosette pour de vrai. Ces cochons d’Anglais avaient trouvé le moyen de citer l’un des leurs avant le grand Champollion pour expliquer le déchiffrage des hiéroglyphes. Leur perfidie n’a donc pas de bornes… Et nous avons aussi pu admirer la frise du Parthénon et prendre un instant le parti des “pauvres grecs dépouillés” contre les ”vilains anglais” (« quoi ? et nous ? ah les collections du Louvre… c’est totalement différent ! » bonne foi française oblige).

Notre route nous a menés vers Covent Garden, mais j’avais prêté ma loge à des amis, donc nous n’avons pas pu en profiter pour voir un petit opéra. Le marché, dans un autre style que Camden, est aussi très agréable, notamment parce qu’il était ensoleillé, il y avait plusieurs musiciens et une exposition Lindt de gros œufs décorés pour une œuvre caritative. C’est après cela que tout s’est gâté…

En effet, malgré une lutte acharnée de ma part, mes amis me forcèrent à les suivre sur Trafalgar Square que nous n’avions vu que de nuit, et c’est à reculons que j’y vins. Evidemment, sur place, on ne peut échapper au regard suffisant du vice-amiral Nelson en haut de sa colonne (rappelons au passage qu’il n’était même pas amiral, et on a trop tendance à oublier le “vice” qui donne pourtant toute sa signification à son grade). Bien qu’il ait été puni comme il se doit lors de la célèbre bataille qui donne son nom à la place et durant laquelle notre glorieuse Nation a perdu avec panache (ou pas…), c’est à dire qu’il y est mort, sa statue trône là, tournée, selon la version officielle « vers sa flotte amarrée à Portsmouth », mais en réalité de manière à narguer les côtes françaises… La place est très grande et abrite, en plus de cette colonne entourée de quatre lions de bronze bien moins beaux que celui de la place Denfert-Rochereau (toujours cette même bonne foi), sur son flanc, la National Gallery, que nous avons aussi brièvement visitée (en particulier les Epoux Arnolfini de Van Eyck). C’est donc avec une grande douleur patriotique que je me suis promené sur ladite place, mais je n’ai pas pu faire l’effort suffisant de m’abaisser jusqu’à aller voir la Waterloo Station. Je n’aurais sûrement jamais osé retourner en France après cela…

Notre chemin s’est poursuivi ensuite vers Westminster : le gros Ben est tout doré et paraît plus kitsch que je ne l’imaginais, à côté le Parlement s’étale de tout son long et en face se dresse la Westminster Abbey. Pas de petits bénéfices pour l’Eglise anglicane, l’entrée est à 18 livres (23€), donc on l’admirera de l’extérieur. Et dire que j’aurais pu la voir de l’intérieur gratos au mariage de William et Kate ! Mais bon, je passais des concours, ce sera pour une prochaine fois… Mais l’extérieur est déjà impressionnant : de cent ans plus jeune que Notre-Dame, elle fait plus effilée et moins trapue, mais moins belle aussi, évidemment. Comme ça faisait un petit moment que j’avais pas vu Babeth, on décide de traverser Saint-James Park pour aller lui faire un petit coucou. Malheureusement, alors qu’on arrive devant Buckingham Palace, elle m’appelle pour me dire qu’elle passait le week-end à Windsor pour se remettre de sa gastro du mois de mars… Tant pis ! Et même pas de défilés des gardes pour compenser… On repart par Green Park et Regent Park où les écureuils sont au rendez-vous. Ils vous grimpent même dessus pour manger !

Le lundi, dernier jour, traversée de la Tamise ! A pied bien sûr. D’abord, on passe par la cathédrale Saint-Paul, même tarif que Westminster ; mais pour une copie du Panthéon elle est plutôt pas mal (comment ça, elle est plus ancienne ?! ils arrivent même à copier à l’avance tellement ils sont perfides). De l’autre côté on découvre un marché avec des stands de spécialités culinaires d’un peu partout, même de France. J’opte pour le cochon grillé à la broche, servi dans un pain avec des pommes cuites, de la salade et de la sauce, très bon ! On aperçoit de l’autre côté la Tour de Londres (on n’a pas la même définition du mot “tour”) et le Tower Bridge que l’on va traverser pour revenir. Les parties métalliques ont été kitschissimement repeintes en turquoise, c’est un peu dommage, mais l’essentiel n’a pas perdu de son charme. La traversée reste un moment solennel, et la vue des deux rives de la Tamise vaut son pesant de cacahuètes. Après ça, notre séjour touche à son terme, on profite une dernière fois du soleil (je sais que je ne l’aurai pas à mon retour en Allemagne) et on va voir de près le “cornichon”, c’est-à-dire l’immense suppositoire de verre et d’acier au milieu de la City. En effet, de près c’est aussi impressionnant. Et alors que je faisais une (brève) diatribe du capitalisme frénétique florissant au milieu de cette City suppurant d’argent, cette bonne vieille Maggie s’éteignait. Il faut dire qu’elle n’a jamais supporté la critique…

Voilà en quelques mots ce séjour incroyable à Londres, trois jours bien remplis qui donnent quand même une grande envie de revenir !

Les photos arrivent bientôt !

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